La communication a-t-elle été vraiment favorisée par les concepteurs du projet ?

Michel LAPLACE
Thématique : L'organisation et les caractéristiques du projet (pilotage, budget...)
Date de création : lundi 27 septembre 08:57
Date de publication : lundi 27 septembre 11:30


Bonjour,

Alors que la concertation sur l’aménagement de l’A 46 Sud s’achève, je fais part de quelques faits et observations en tant que citoyen ayant participé de différentes manières à la concertation proposée par l’État et Vinci, tout au long de celle-ci.

Le 26 septembre 2021 au soir, on recense sur le site de la concertation 591 avis, 189 questions et 9 contributions (cahiers) d’acteurs.
Par ailleurs, les réunions et ateliers proposés ont connu un certain succès, et même une franche réussite pour certains d’entre eux.
Pour autant, ces différents éléments permettent-ils d’assurer que la communication a été réussie et en premier lieu qu’elle a été réellement favorisée ? Au moins quatre éléments permettent d’en douter.

Premier élément : il a été affirmé avec force lors de la réunion publique de lancement que cette concertation était de la durée maximum de 3 mois. Or, elle a été organisée en pratique en pleine période estivale, moment particulièrement peu propice au débat. Quelle urgence réelle commandait un choix aussi lourd de conséquences ? De plus, la concertation a été amputée dans les faits d’un mois (neutralisation des 15 premiers jours d’août pour publier des avis et poser des questions, et reprise de la publication des réponses fin août seulement, absence de réunions entre fin juillet et fin août).

On constate d’ailleurs que les avis se répartissent ainsi :
- 13 en juin (tout début de la concertation fin juin)
- 128 en juillet
- 115 en août
- 335 au 26 septembre, soit près de 57% du total des avis pour ce seul mois.

S’agissant des questions, on en dénombre 2 en juin, 50 en juillet, 60 en août et 77 en septembre (au 26 septembre).

L’intérêt semble être allé croissant, et cela coïncide à la fois avec la fin de la période des vacances et avec l’hypothèse que le projet a été progressivement mieux connu grâce aux différentes actions de communication officielle, à celle des élus, aux actions des associations opposées au projet, au relais par la presse locale, au bouche-à-oreille.

Deuxième élément de doute : la lecture attentive des réponses de l’État et de Vinci aux questions posées sur le site de la concertation. En effet, ces réponses se bornent très souvent à renvoyer à des pages du dossier initial, sans réelle plus-value, ou à énoncer des généralités, alors même que les questions sont fréquemment très précises et documentées. En outre, ces questions ont pu demander à leurs auteurs des recherches approfondies et ceux-ci pouvaient espérer des réponses à la hauteur du temps qu’ils avaient consacré à cela.
Les réponses auraient donc mérité a minima un réel effort supplémentaire d’argumentation de la part de l’État et de Vinci, qui se seraient montrés ainsi plus respectueux des citoyens, de leurs inquiétudes légitimes lorsque, par exemple, ils sont riverains, et en raison des forts enjeux de ce projet. En outre, bon nombre de réponses n’ont été données que le dernier jour (par rapport à la date de la question, soit à J + 15), comme si l’État et Vinci veillaient d’abord à ne pas être pris en défaut mais pour autant sans apporter rapidement des réponses… pourtant bien pauvres, et à limiter ou décourager ainsi « le droit de suite ».

Troisième élément de doute : le choix de proposer des ateliers thématiques et leur organisation ont montré leurs limites : se voir opposer par Vinci dans tel atelier que l’on ne doit pas aborder les questions traitées par un autre atelier (et qu’il aurait fallu pour cela participer à l’atelier dédié à ce sujet) est tout simplement curieux voire grotesque. Comment un projet aussi complexe peut-il être ainsi tronçonné, alors que les différentes dimensions du dossier sont interdépendantes ? Sous couvert d’une soi-disant « efficacité », ne s’agissait-il pas tout simplement de limiter singulièrement le débat en l’enfermant de la sorte dans un cadre préétabli et, bien entendu, non soumis à discussion ?

Quatrième élément de doute, et pas le moindre, malgré l’accroissement de la participation sur le site : la mise à disposition de l’information et l’invitation à communiquer n’ont pas été optimales, notamment en raison des limites de l’accès au site de la concertation.
Nombre de personnes ont en effet remarqué que lorsqu’on tape « concertation A 46 Sud » dans un moteur de recherche, s’affiche généralement sur la première page des résultats de la recherche, le site général du débat public dans lequel il faut « aller chercher » le site spécifique à la concertation A 46 Sud.
Et, ce soir par exemple, en 2e position sur la page affichée suite à une recherche « concertation A 46 Sud », est proposé seulement un document avec pour adresse https://corporate.vinci-autoroutes.com/fr/actualites/elargissement-a46-debut-concertation-publique . En 3e position, on trouve un PDF d’information exclusivement proposée par l’État et Vinci.

Ainsi, sur cette première page affichée par les moteurs de recherche, aucun accès à l’ensemble du site, et notamment pas d’accès immédiat aux avis, aux questions-réponses, ni aux cahiers d’acteurs… pas plus qu’au thème du menu permettant de contribuer. Est-ce parce que les avis, les questions-réponses et les cahiers d’acteurs sont très largement défavorables au projet ?

En complément, il faut signaler aussi que les questions-réponses, sur le site de la concertation, ne sont plus accessibles depuis un certain temps à partir d’un smartphone lorsqu’on consulte le site avec cet outil. Il s’agit bien d’un autre frein potentiel à l’expression citoyenne.

En considérant ces faits précis, on est en droit de se demander s’il n’y a pas eu une restriction d’accès à l’information pour participer, restriction délibérément mise en œuvre par l’État et Vinci, en agissant sur le référencement sur les moteurs de recherche du site https://www.a46sud-amenagement.fr .
Ou alors, si la restriction n’est pas délibérée, pour quelles raisons le site dans son ensemble n’est-il pas mieux référencé, au profit de la seule communication de l’État et de Vinci ? Quelles qu’en soient les raisons, l’indexation du site sur les moteurs de recherche est un problème.
Une question (sans réponse à ce jour) très documentée techniquement, expose parfaitement le sujet :
https://www.a46sud-amenagement.fr/?post_type=question&p=7113

Il est notamment écrit « En définitive, tout semble fait pour que celles et ceux qui cherchent le site officiel du projet via un moteur de recherche « tombent » exclusivement sur les PDF du site – autrement dit, la communication d’ASF – et jamais sur les autres contenus du site – à l’instar des contributions et questions des citoyen•ne•s. Cette manipulation de l’indexation ne va-t-elle pas à l’encontre du principe même de concertation publique ? »

Au final, ces quelques faits observés et agrégés les uns aux autres permettent d’émettre des doutes quant à la volonté réelle des concepteurs du projet de favoriser la discussion citoyenne.

Cordialement

Michel Laplace
26-9-2021